Les élections législatives au Togo donnent gagnant, selon les résultats provisoires, le parti au pouvoir, l’Union pour la République (Unir) qui remporte 108 des 113 sièges en jeu. Ce résultat annoncé par la Commission électorale nationale indépendante de l’opposition qui crie à la fraude massive et des irrégularités tout au long du processus. Pendant ce temps le pouvoir se félicite de sa large victoire.
Au micro de nos confrères de la Radio France Internationale (Rfi), le ministre Gilbert Bawara, proche du président Faure Gnassingbé, célèbre déjà la victoire de la mouvance tout en y trouvant la validation du projet de réforme constitutionnelle. « [Je veux] d’abord exprimer notre gratitude à nos concitoyens, aux Togolaises et aux Togolais qui se sont mobilisés nombreux, a déclaré le ministre. Maintenant, quant à la victoire telle qu’elle se dégage à l’issue des résultats provisoires, je voudrais m’en féliciter et dire un grand merci à nos concitoyens qui ont compris le bien-fondé de toutes [nos] actions, y compris la dernière initiative majeure, la réforme. C’est un changement fondamental. Pour nous, c’est un changement de paradigme. Donc, aujourd’hui, nous connaissons les résultats des élections, nous pensons que le débat est clos, concernant l’opportunité, la pertinence et le bien-fondé de cette réforme qui ouvre de nouvelles perspectives pour notre pays. » a-t-il exprimé.
En revanche, Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC, l’Alliance Nationale pour le Changement, exprime sa tristesse face à des résultats qu’il juge inimaginables et entachés de fraudes. Il critique également le système politique togolais, qualifié de dictature déguisée en démocratie. « Je suis triste pour mon pays. Ce sont des résultats inimaginables, ridicules, confie-t-il à RFI. Le processus électoral a été totalement déséquilibré en faveur du parti au pouvoir. Le scrutin lui-même a été entaché de nombreuses fraudes et de violences, surtout à l’intérieur du pays. Alors, sur 113 sièges mis en jeu, le parti au pouvoir prétend en remporter 108, plus de 95%. Malgré les apparences de multipartisme, le Togo continue de pratiquer la dictature du parti unique qui y a sévi pendant 25 ans. Le régime politique togolais est une dictature militaire clanique à façade civile. » Et pour renchérir, Brigitte Adjamagbo-Johnson de la CDPA, Convention Démocratique des Peuples Africains, appelle à poursuivre le combat pour un Togo véritablement démocratique. « […] Naturellement, on prépare les recours, le combat continue. Il faut que le Togo change, il faut que l’on aille vers un Togo véritablement démocratique. Ce n’est pas le cas pour l’instant, nous avons une dictature qui veut se muer en monarchie. » a-t-elle confié à Rfi.
La Commission électorale invite par ailleurs les parties concernées à exercer leurs droits de recours devant les juridictions compétentes.
Anselme ORICHA